Aperçu de l'évaluation et la reconnaissance des acquis

Survol


Le présent survol de l'évaluation et de la reconnaissance des acquis (ERA) au Canada porte sur :

  • ce qu'est l'ERA au Canada;
  • l'historique de l'ERA;
  • les avantages de l'ERA;
  • la diversité des pratiques, des filières et des politiques à l'échelle du Canada;
  • la terminologie;
  • des renseignements généraux pour les apprenantes et apprenants.

Aux fins du présent contenu Web, l'acronyme ERA sera utilisé de façon générale pour traiter du sujet et présenter un survol pour le Canada, avec la reconnaissance explicite que la terminologie en cours dans les provinces et les territoires varie.

Renseignements propres à une province ou à un territoire


Au Canada, l'éducation relève de la compétence exclusive des 10 provinces et des 3 territoires du pays. Par conséquent, le système d'éducation de chaque province et de chaque territoire comporte des politiques et des caractéristiques qui lui sont propres et qui ne peuvent pas être abordées de façon exhaustive.

Pour en savoir plus sur le système d'une province ou d'un territoire en particulier, consultez la section « Provinces et territoires du Canada ».

Qu'est-ce que l'ERA au Canada?


Au Canada, l'ERA est utilisée pour reconnaître officiellement l'apprentissage fait à l'extérieur des établissements postsecondaires conventionnels (souvent publics). Cet apprentissage peut être formel, non formel, informel ou expérientiel.

L'évaluation des acquis peut servir à accélérer l'accès à un programme ou à l'obtention de crédits pour un cours ou un programme déjà suivi. Certains établissements postsecondaires ont également des réserves de crédits, lesquels sont accordés à la suite de l'évaluation préalable des certificats ou des programmes de formation non formelle. Différentes options sont communément offertes pour l'ERA, y compris un bilan des acquis accompagné d'exemples de travaux, la réalisation d'une tâche ou d'un projet, la démonstration des compétences acquises, une entrevue, un curriculum vitæ, un examen, une autoévaluation et/ou la présentation de preuves (p. ex., lettre de référence ou évaluation de l'employée ou employé). Il importe de souligner que l'ERA cible l'apprentissage, non l'expérience.

Dans plusieurs provinces et territoires au Canada, l'évaluation des acquis est généralement appelée « évaluation et reconnaissance des acquis », « reconnaissance des acquis » et « reconnaissance des compétences ». Au Québec, l'expression « reconnaissance des acquis et des compétences » est couramment utilisée.

La liste suivante, plus exhaustive, présente quelques expressions en cours (suivies de leur sigle).

Au Canada:

  • évaluation et reconnaissance des acquis (ERA)
  • reconnaissance des acquis et des compétences (RAC)
  • recognition of acquired competencies (RAC) et reconnaissance des compétences (RC)
  • reconnaissance des compétences de la main‑d'œuvre (RCMO)
  • reconnaissance des acquis
  • validation des acquis

Sur la scène internationale

  • assessment of prior experiential learning (APEL)
  • crédits pour des acquis
  • évaluation des acquis
  • recognition of non-formal and informal learning outcomes (RNFILO)
  • validation des acquis de l'expérience (VAE)
  • reconnaissance des acquis d'apprentissages non formels et informels
  • validation des acquis antérieurs
  • validation de l'apprentissage non formel et informel

Historique


Au Canada, l'histoire de l'ERA remonte aux années 70, quand les gouvernements provinciaux et les établissements postsecondaires ont pris conscience de la nécessité d'une approche plus souple et inclusive en éducation. Au début des années 80, le Collège Mohawk, en Ontario, le Collège Red River, au Manitoba, et le réseau des collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps), au Québec, ont été les premiers établissements postsecondaires à mettre en œuvre l'ERA. Dans les premières années, l'ERA était principalement utilisée dans les programmes d'éducation des adultes, particulièrement en formation technique et professionnelle. Plusieurs des premiers programmes d'ERA étaient guidés par les savoirs traditionnels des Autochtones. Aujourd'hui, l'ERA est plus largement utilisée dans un éventail de domaines et d'industries. 

Avantages de l'ERA


Le nombre de recherches menées au Canada et sur la scène internationale sur les avantages de l'ERA ne cesse de croître. Ces recherches portent notamment sur les avantages pour les élèves, les établissements, les provinces et les territoires et les pays. Pour les élèves, les avantages sont nombreux, notamment d'un point de vue coût‑avantage, l'ERA permettant de gagner du temps et de réduire les droits de scolarité de l'éducation formelle. La recherche démontre également que les élèves ont une plus grande confiance dans leurs compétences et leurs habiletés, qu'ils évitent de devoir reprendre une formation ou des études déjà suivies et que la majorité d'entre eux peuvent obtenir des crédits d'études, un certificat de compétence ou l'agrément professionnel. En outre, les objectifs de carrière et d'éducation sont clarifiés. Sur un plan plus personnel, la recherche montre que les élèves qui tirent parti de l'ERA ont habituellement une plus grande confiance dans leur capacité d'apprentissage, une motivation et un intérêt plus vifs à poursuivre leurs études, une estime de soi et une confiance en soi plus grandes dans leurs études, leur carrière et leur vie personnelle. Ces avantages se traduisent par une meilleure employabilité et des perspectives de carrière plus prometteuses. 

Pour les établissements postsecondaires et les fournisseurs de services éducationnels aussi les avantages de l'ERA sont nombreux, tels que des taux plus élevés de recrutement et de maintien de l'effectif. En outre, l'ERA peut favoriser l'équité, la diversité et l'inclusion et rendre ainsi l'éducation plus accessible aux élèves non traditionnels. De plus en plus, les établissements postsecondaires qui soutiennent l'ERA démontrent qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils s'adaptent au caractère changeant du marché du travail, de la mobilité de la main‑d'œuvre qualifiée et des besoins des élèves. L'ERA peut également favoriser l'efficience et l'efficacité du processus éducationnel en aidant les élèves à poursuivre et à terminer leur éducation formelle sans devoir refaire le chemin déjà parcouru. Certains organismes de réglementation professionnelle choisissent eux aussi de recourir à l'ERA.

Au Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux contribuent à soutenir la formation continue d'une main‑d'œuvre qualifiée et résiliente par l'entremise de l'ERA. L'ERA aide à combler les écarts de compétences de plus en plus marqués ainsi que les pénuries de main‑d'œuvre toujours plus fréquentes. En outre, elle accroît l'efficience et l'efficacité des modèles éducatifs, car elle facilite l'accès pour les populations sous‑représentées, telles que les apprenantes et apprenants adultes non traditionnels, les Autochtones et les immigrantes et immigrants. Elle mène à un plus grand engagement sur le marché du travail et favorise la productivité, l'innovation et la croissance économique.

Reconnaissance de la diversité des pratiques, des filières et des politiques à l'échelle du Canada


La gouvernance des systèmes d'éducation postsecondaire relève de la compétence exclusive des 10 provinces et des 3 territoires du Canada. Par conséquent, les pratiques, les filières et les politiques de l'ERA varient d'un bout à l'autre du pays. Au Québec, le gouvernement provincial réglemente l'ERA uniquement pour le réseau des cégeps et la formation professionnelle. Il n'existe cependant aucun autre règlement précis sur l'uniformité des critères et des procédures d'évaluation, ni pour l'ensemble du Canada ni à l'échelle des provinces et des territoires. Il y a donc peu d'uniformité quant aux preuves et aux documents exigés pour appuyer l'ERA. L'Association canadienne pour la reconnaissance des acquis (CAPLA) propose quelques directives générales pour assurer la qualité et promouvoir la collaboration entre les organisations et les établissements en faveur de l'ERA au Canada.  

Glossaire


La terminologie suivante est parfois utilisée au Canada, avec quelques variations, selon le contexte.

  • Apprentissage formel – Apprentissage guidé par un programme d'études officiel, y compris dans le cadre de programmes et de cours à crédits qui sont offerts dans les établissements postsecondaires et par d'autres fournisseurs de services éducationnels et qui mènent à un diplôme officiellement reconnu. La reconnaissance officielle des acquis peut prendre la forme d'un transfert de crédits et d'une reconnaissance des diplômes.
  • Apprentissage informel – Apprentissage, connaissances et compétences incidents (non intentionnels) tirés du vécu personnel et professionnel et acquis à l'extérieur d'environnements d'apprentissage formel. Souvent, l'apprentissage informel découle d'activités professionnelles, bénévoles ou communautaires. Il n'est rattaché à aucun programme d'études formel et aucun crédit n'est accordé. L'apprentissage informel est notamment associé à l'apprentissage autonome, à la lecture d'articles, à l'accès à des ressources en appui au rendement, à l'accompagnement, au mentorat ainsi qu'à l'apprentissage par essais et erreurs.
  • Apprentissage non formel – Apprentissage qui n'est pas fait dans un établissement d'enseignement ou de formation et qui ne mène habituellement à aucun crédit, ni à aucune attestation, ni à aucune sanction des études (telle qu'un diplôme, un certificat ou un grade). Souvent, il découle d'une participation à une formation structurée en milieu de travail, à des cours sans crédit ou à des ateliers.
  • Équivalence de cours – Lorsqu'un élève obtient une équivalence dans un programme en raison de son expérience (p. ex., si, à la lumière de son évaluation, il commence à la troisième année d'un programme de quatre ans).
  • Évaluation et reconnaissance des acquis – Méthode structurée d'évaluation, dans un objectif précis, des connaissances et des compétences acquises par un apprentissage non formel ou informel ou par l'expérience d'un élève. Il peut s'agir d'apprentissages faits à l'extérieur d'une classe conventionnelle, notamment dans le cadre d'un emploi, d'expériences personnelles ou d'une autoformation.
  • Évaluation souple – À la lumière de l'évaluation de ses acquis et de son expérience, l'élève est dispensé des préalables normalement exigés pour un cours ou un programme.
  • Méthodes d'évaluation – Méthodes par lesquelles l'établissement évalue et mesure les connaissances déjà acquises par l'élève.
  • Par cours – Lorsqu'un élève obtient un crédit pour un cours précis, en fonction des résultats d'apprentissage de ce cours.
  • Par programme (bloc de crédits) – Lorsqu'un élève obtient un bloc de crédits pour un programme; souvent, l'évaluation se base sur les compétences ciblées par l'établissement ou le programme une fois les études terminées.
  • Preuves – Documents ou artéfacts qui attestent les acquis d'un élève. Il peut s'agir, entre autres choses, d'un certificat professionnel ou d'un permis d'exercice, d'un échantillon d'activités professionnelles, d'un registre de formation, d'une évaluation du rendement, d'un document militaire, d'une autoévaluation, d'une lettre de recommandation, d'une description d'emploi, d'une publication, d'un prix ou d'une reconnaissance ou d'un document qui atteste une formation continue.
  • Types d'évaluations des acquis – Méthodes d'évaluation et de délivrance de crédits dans le cadre de l'ERA. Les méthodes utilisées dans les établissements postsecondaires pour évaluer les acquis sont, notamment, les examens écrits, les entrevues et les examens oraux, les évaluations du rendement, les évaluations des travaux et les évaluations de portfolios. Les méthodes utilisées pour la reconnaissance des acquis sont, par exemple, l'équivalence de cours, l'évaluation souple, l'évaluation par cours, l'évaluation par programme et la réserve de crédits.

Renseignements généraux pour les apprenantes et apprenants


Ampleur de la reconnaissance ou des crédits accordés


L'ampleur de la reconnaissance ou des crédits accordés dépend de facteurs tels que les types d'ERA offerts par l'établissement, par le fournisseur de services éducationnels ou par l'organisation, le programme pour lequel les crédits ainsi obtenus sont utilisés et le niveau d'expérience (et d'apprentissage) pour lequel l'élève demande l'ERA. À titre d'exemple, un élève peut obtenir une reconnaissance sous la forme d'un placement en deuxième année d'un programme de quatre ans, alors qu'un autre peut obtenir un bloc de crédits appliqués à son programme d'études ou devenir admissible à un programme de formation en apprentissage après avoir passé avec succès l'examen. 

Rôle et responsabilités des élèves


Le rôle et les responsabilités des élèves consistent à recenser leurs acquis et leurs compétences, à y réfléchir et à les documenter. Certains élèves peuvent être convoqués – à une entrevue en quelque sorte – pour discuter de leurs acquis et de leurs compétences ou pour passer un examen écrit de reconnaissance ou une évaluation de leur rendement, de leurs travaux ou de leur portfolio. Les élèves sont tenus de lire et de comprendre les politiques et les procédures d'ERA de leur établissement d'enseignement postsecondaire ou de leur fournisseur de services éducationnels.

Délais possibles


La plupart des établissements d'enseignement fixent un délai pour l'ERA. Ce délai varie selon l'établissement ou le fournisseur de services éducationnels, le programme et le type d'ERA auquel l'élève participe. Chaque étape de l'ERA a sa propre échéance générale, y compris un délai de présentation de demande, une période de présentation des preuves, une période d'évaluation, une période de rétroaction, un délai de délivrance des crédits et un délai d'appel (au besoin).

Aperçu des coûts pour les élèves


Le coût de l'évaluation des acquis dépend de facteurs tels que l'établissement d'enseignement ou le fournisseur de services éducationnels qui procède à l'évaluation, la méthode d'évaluation utilisée ainsi que le type et le nombre d'acquis évalués. Le prix de l'ERA varie, allant de 25 à 100 p. 100 des droits de scolarité. En raison de cette grande variabilité, il est préférable de s'informer directement auprès de l'établissement d'enseignement postsecondaire ou du fournisseur de services éducationnels au sujet des frais d'évaluation des acquis.

Aperçu des types de soutien à l'ERA


Les conseillères et conseillers en ERA – appelés conseillères et conseillers pédagogiques au Québec – conseillent les élèves sur les types d'ERA offerts, les guident et les soutiennent dans la préparation de leur dossier. De nombreux établissements d'enseignement et fournisseurs de services éducationnels partout au Canada n'ont pas de conseillères et conseillers en ERA, et le travail incombe alors au corps professoral ou aux spécialistes en la matière.

Les évaluatrices et évaluateurs affectés à l'ERA examinent les documents sur les acquis des élèves, déterminent si leur dossier répond aux exigences et formulent leurs recommandations quant aux crédits à accorder à l'issue de l'évaluation. La majorité d'entre eux ont suivi une formation en ERA et sont souvent des membres du corps professoral ou des professionnelles et professionnels ou spécialistes en la matière. L'évaluation se fonde habituellement sur des critères et des normes établis, tels que les objectifs d'apprentissage des cours et les critères de réussite.

De plus, le corps professoral et le personnel peuvent soutenir les élèves en leur expliquant les politiques et en les invitant à suivre les procédures. Pour assurer la continuité des services et mieux épauler les étudiantes et étudiants, le corps professoral et le personnel peuvent également communiquer directement les résultats des évaluations, aiguiller les apprenantes et apprenants vers d'autres domaines d'apprentissage et conserver les résultats et les données des évaluations pour leur éventuelle consultation future.

Transférabilité entre les établissements d'enseignement au Canada des crédits obtenus grâce à l'ERA


Les établissements d'enseignement peuvent reconnaître les crédits délivrés par les autres établissements au Canada à l'issue d'une procédure d'ERA, en fonction de différents facteurs, y compris le type de programme et la présentation d'un relevé de notes. En raison de la grande variabilité des politiques et des procédures d'ERA, les élèves sont avisés de confirmer auprès de l'établissement ou du fournisseur de services éducationnels visé qu'ils ont l'intention de s'inscrire.